" En toute occasion,
nous devons nous souvenir de ce que pour les Romains, le premier peuple
à prendre la culture au sérieux comme nous, une personne cultivée
devait être quelqu'un qui sait choisir ses compagnons, parmi les
hommes, les choses, les pensées. Dans le présent comme dans le passé." Hannah Arendt, La Crise
de la culture 1961
La galerie du cartable (Châteauroux - Bourges - Nantes)
C’est en 1990, au collège Marcel Duchamp de Châteauroux, école d'art expérimental et de création collective, que Fabrice Cotinat, David Legrand et Henrique Martins-Duarte se rencontrent et commencent à travailler ensemble.
Mais c’est à partir de 1999 qu'ils décident de s’engager pleinement dans une œuvre commune en créant la galerie du cartable : structure audiovisuelle portative dans laquelle, tour à tour réalisateur, metteur en scène, acteur et scénariste, ils investissent la création audiovisuelle par le biais du cartable vidéo
– espace de projection et de création nomade – et pratiquent un cinéma d’invention dont l’originalité repose sur des dispositifs low-tech de prises de vue et des mises en scène contraintes par des architectures bricolées.
Depuis, c'est sous cette signature qu'ils identifient leur travail et situent leurs productions entre la création de situations, d’interventions et la réalisation de films performatifs.
De 1999 à 2003 Les perspectives offertes par le cartable-vidéo donnent lieu à montrer et transmettre l’image vidéo dans la vie courante autrement que la télévision l’investit. C’est-à-dire comme un média libre d'études et de recherches filmiques à l'usage d’un petit groupe qui envisage une vie quotidienne expérimentale.
C'est comme cela, par exemple, à une période où ils cherchent une autre voie que l'exposition et pendant qu'ils testent et portent leurs films portables dans la rue, les bars, les squares, les jardins, les églises, les cathédrales, les discothèques, les musées, les centres d'art, chez les gens, qu'ils rencontre un autre Homme Portant : Boris Lehman. Avec lui, ils réalisent en 2003 le manifeste en 16 mm de l'art de porter des films légers, une proposition cinématographique visant à porter le film le plus lourd du cinéma belge.
Peu à peu, tout en exposant leur activité de filmeurs en transformant les espace d'exposition en plateau de tournage, ils abandonnent l'exposition pour l'espace filmique.
"Le film est devenu notre seul lieu d’exposition."
La série des «Dialogues fictifs», fictions réalisée par la galerie du cartable depuis 2004, inspirée du «Dialogues des morts» de Fénelon, met en scène des conversations entre les membres de la galerie du cartable avec des artistes d’aujourd’hui (Michel Aubry, Boris Lehman, Michel Giroud, Françoise Quardon, Joseph Morder, Alain Cavalier) par le biais de personnalités historiques ou imaginaires (Dürer, Beuys, Le Corbusier, Pasolini, Warhol, Filiou, Elvis Presley,
Marie-Madeleine, Roland Barthes, Marguerite Duras, Kokoschka et Gunther Brus). Ces films issus de collaborations bien vivantes génèrent par le biais de la voix de morts célèbres, par des collisions verbales, formelles et visuelles, un discours critique sur les conditions de l’art.
Parallèlement entre 2007 et 2010, lors de plusieurs séjours au Laos dont le dernier de 4 mois, il conduise la construction et l'activation d'un studio multi-média en bambou, dit "studio solaire" à l'école des Beaux-Arts de Luang Prabang, un lieu pour de nouvelle pratiques d'auto-fabrication et d'artisanats numérique pour un programme de recherche et de de création filmique sur les modes de transmission et de représentations lao.
Avec la création en 2007 de Châteauroux Underground, association loi 1901 pour la promotion d’un art collectif, les membres de la galerie du cartable développent des projets multiples occupant les champs du cinéma et de la vidéo en mutation. Ils combinent sur des plateaux de tournages ce qu'ils appellent : la Ciné-vidéo, la Plastik-filmique, le numéréthique, la télévision d'exposition et la télévision expérimentale.
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La galerie du cartable et son association CHÂTEAUROUX UNDERGROUD
rassemblent des artistes, habitants, fonctionnaires volontaires,
étudiants engagés dans une œuvre commune, un art collectif ou un art de
groupe. Tour à tour ou simultanément, chacun est auteur, acteur,
galeriste, colporteur, producteur, narrateur, metteur en scène,
réalisateur.
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BIOGRAPHIES
Fabrice Cotinat né
en 1968, vit et travaille à Châteauroux
C’est
d’abord comme un habile ingénieur de machines ludiques à la
beauté formelle indéniable que Fabrice Cotinat traite une de ses
préoccupations principales : subvertir les mécanismes de production
et de réception de l’image en général et de l’oeuvre d’art
en particulier. Machines à faire des avions en papier, à peindre ou
à filmer, l’artiste délègue à ses robots le soin de créer à
leur tour et à sa place, car ce n’est pas tant les machines qui
importent que le résultat de leurs actes et le processus pour y
parvenir.
David Legrand né
en 1972, vit et travaille à Châteauroux et Noves
Après
avoir réalisé, produit, filmé, écrit et exposé entre 1989 et
1999 un théâtre de figurines préfigurant un théâtre de la parole
plastique pour faire parler les oeuvres, il décide en 1999 de
suspendre son travail personnel pour l’engager dans une oeuvre
commune. Concrètement : en allant chercher ses compagnons à travers
une seule question :
“Qu’est
ce qu’une oeuvre d’art dans un état de guerre globale ?” et le
conduisant à effectuer un travail communautaire de déplacement des
oeuvres dans tout ce qui l’entoure, parmi les hommes, les choses,
les pensées. Depuis 2006, artiste chercheur et dialoguiste au sein
du groupe de recherche « À
propos d’une nouvelle école »
à l’école régionale des beaux-arts de Nantes, il réalise avec
Michel Aubry
« La visite des écoles d’Art »
une fiction vidéographique qui met en scène une réflexion sur les
futures écoles des Beaux-Arts.
Henrique Martins
Duarte né
en 1973, vit et travaille à Nantes
Enseignant
et critique d’art, porté particulièrement sur les dispositifs
acoustiques et audiovisuels en art. Adepte de la prose ainsi que du
vers. Forçat du son et d’autant de l’écoute. C’est le
facteur temps qui résout mille choses. Contentieux relatif au
temps plein, transformé en temps libre. Punisher-correcteur
qui
intervient dans l’histoire et présume de la suite. Ajuste les
données. Relate les faits. Rectifie. Ratifie. Professe.